Ses deux Oraisons funèbres :

Ici se termine ta route dans ce monde  avec nous Jean-Claude

Tu retournes dans la terre au plein milieu de ta vie.

Tes enfants, ta femme, la mère de tes enfants, tes frères et soeurs, tes amis restent, cherchant des yeux, une dernière fois ton visage.

Ta vie est jalonnée de tant de couleurs, allant du blanc au noir profond, jalonnée de tant d’émotions, de rires et de déchirements, de grandes joies et de profonds malheurs.

Il était bien difficile de te suivre , de tout comprendre.

 

Jean-Claude est né à Neuilly sur Seine, le 13 septembre 1954. Il fait encore partie du baby-boom. Il est le 4eme d’une fratrie recomposée, le premier garçon de Nonna. Deux grands frères, Maxy et William, une sœur à peine plus vieille que lui Monique et longtemps après, deux petites sœurs Sabine et Fanfan.

Ses jeunes années sont parsemées d’aventures diverses : dans le grand jardin de Beauchamp on joue aux douaniers, on creuse des trous pour aller en Chine, on cache des trésors ensemble.

Nos parents nous ont élevés dans une ligne catholique,et ont stimulé notre éveil religieux et social.

C’est ainsi que Jean-Claude a chanté en soliste des Petits Chanteurs à la croix de bois  pendant la messe de minuit, et que les larmes de joie de notre mère ruisselaient le long de son visage rempli d’émotions.

Il était aussi louveteau et puis scout. Pendant certains camps, il s’est expérimenté à la spéléologie. Un peu casse-cou avec ses copains !

A la maison, les études sont un facteur éminent. Les deux grands sont brillants, il faut donc que les autres suivent et il ne faut pas qu’ils détonnent!  Mais Jean-Claude essaie de suivre, mais a d’autres centres d’intérêt. Les parents ne savent plus très bien dans quelle école le mettre. Mai 68 contribue à un éveil politique, il est jeune certes, mais à la maison les débats vont bon train.

Jeune adolescent il se cadre très vite à gauche, est membre du parti communiste, maoïste puis socialiste.

Il passe son bac, il l’a à la grande joie des parents ! Que veut-il faire ? Sciences eco, il commence 1 an, il arrête. Notre père lui propose alors de travailler avec lui, comme vendeur de cuivre. Il faut absolument qu’il apprenne l’allemand sinon ça ne marchera pas.

Depuis déjà un certain nombre d’années, il a une petite amie, Françoise, qu’il épouse. Ensemble ils auront et chériront Timothée et Valentin. Ses fils ! Comme il en était fier.

Les aléas de la vie ont fait que leur mariage a pris fin.

Notre père a pris sa retraite, et Jean-Claude a repris la société avec succès.

Un vendeur, une belle élocution, beaucoup de bagout, et un don naturel pour mettre les gens en confiance, de placer une petite blague pour détendre l’atmosphère.

La venue à Servon fut le début d’une deuxième famille, avec Jasmine. Antoine, Rosalie, Léon et Samuel sont venus donner leurs rires et leurs exploits. Aron, Deborah et Rouven étaient eux aussi là pour accueillir leurs nouveaux frères et sœurs. Une tache trop immense dans un contexte souvent difficile.

Au cours des années Jean-Claude a accumulé des tas de problèmes de santé, son corps n’a pas résisté et son cœur s’est arrêté pendant son sommeil.

Pourtant Jean-Claude était cet homme dont je voudrais me souvenir comme celui qui :

-         ouvrait sa porte à tout le monde

-         faisait le pitre et le guignol déjà tout petit

-         faisait craquer les tantes en vacances par ses sourires enjôleurs

-         avait un cœur généreux, et par cela était vulnérable

-         osait dire ’Toi, tu es mon ami !’

-         s’intéressait au développement de ses proches

-         adorait que son oncle Henri vienne le chercher en Cadillac à la maternelle

-         aimait aller à la pêche en mer avec ses cousins

-         nous a donné le plus beau feu d’artifice en Belgique

-         était membre du conseil municipal de Servon

-         était fier de sa BMW série 7, et après de sa Jaguar qu’il gardait pour le jour des noces de sa fille Rosalie

-         n’hésitait pas à t’emmener à 5 heures du matin à Rungis pour déjeuner avec une bourriche d’huîtres et un bon vin blanc

-         cherchait dans chaque religion et courant mystique une vérité à laquelle il aurait pu adhérer ; c’est d’ailleurs dans cette ligne que JC va être enterré, dans la partie du cimetière juif de Montparnasse, dans le caveau familial, avec la prière d’un rabbin

 

Cher Jean-Claude, c’est de cet homme dont nous voulons nous souvenir, nous te remettons dans les mains de Dieu, Yahvé, afin qu’Il t’accueille dans son royaume, là où l’amour est inconditionnel et éternel.

 

Que te dire Jean-Claude? De toute façon, tu ne nous écoutais pas, tu n'en faisais qu'à ta tête.

Et voilà tu es parti, tout seul dans ton p'tit coin de lit, sans rien dire à personne.

Je t'ai vu là, couché en chien de fusil, J'ai regardé ce visage fermé.

Et j'ai pensé à tous ces combats qui s'étaient livrés dans cette grosse tête légèrement dégarnie.

Et j'ai pleuré .

J'ai pensé à ton mal de vivre, aux impasses dans lesquelles tu t'étais enfoncé, aux mille et un conseils que nous avions tous essayé de te donner.

J'ai pensé à ta Vie,

J'ai songé à notre impuissance à t'aider, à t'aider vraiment je veux dire.

Et j'ai pleuré.

 

Tu étais le quatrième de notre fratrie, le chouchou de Nonna m'ont dit nos soeurs. Moi, je ne l'avais pas remarqué. Une indifférence que je regrette aujourd'hui.

Le quatrième mais aussi le seul garçon de Nonna, une position sans doute difficile qui t'a donné un fort besoin de reconnaissance. Ce besoin d'être reconnu comme un Pollak qui t'a conduit à demander voici quelques années à être enterré ici, dans le tombeau des origines de la famille en France.

Est-ce besoin de reconnaissance qui t'a poussé à imiter notre grand père jusqu'à mourir le même jour que lui, un 30 Janvier, trente ans plus tard ? Tu lui ressemblais beaucoup:

D'abord cette maladie bipolaire qui vous poussait tous les deux aux excès et qui t'a causé tant de déboires. Dady n'avait ni fax, ni mail et cela l'a sans doute sauvé de bien des envois nocturnes intempestifs..

Ensuite ce tempérament de grand vendeur que tout le monde te reconnaissait. Ce tempérament qui t'a permis de gagner beaucoup d'argent quand tu as repris la société de Papa.

Un grand vendeur et un grand flambeur comme notre grand père. Un grand charmeur aussi tout comme lui.

Tu vas maintenant le rejoindre pour l'éternité dans ce caveau et vous pourrez vous raconter bien des histoires.

Car tu étais un bon vivant Jean-Claude avant que les hasards de la vie ne t'enferment dans un piège dont tu n'as pas su te sortir.

Je me rappelle de la façon dont tu animais les repas familiaux à Beauchamp, de toutes les histoires que tu racontais. Je me rappelle aussi de ce feu d'artifice que tu nous avais offert à Fagnolles pour l'anniversaire des"dizaines". Et que dire de la cuisine que tu adorais préparer ? De ces foies gras, de ces BBQ et de toutes ces recettes que tu aimais nous faire partager ?

C'est de ce Jean-Claude là que je voudrais me rappeler, du bon vivant qui pétait la forme, du frère généreux, rieur et drôle, du grand vendeur qui engrangeait les affaires pour en dépenser aussitôt le bénéfice. J'aimerai que tes enfants gardent le souvenir d'un Père heureux, riant, qui aimait s'amuser et amuser les autres.

 

Tu t'es échappé, Dieu et  ton grand père t'ont rappelé à eux. Sois heureux Jean-Claude débarrassé de cette enveloppe charnelle usée par tant d'excès qui te faisait souffrir le martyre certains jours.

Oui vraiment, je ne sais pas quoi te dire,.

Je suis triste, infiniment triste

 

Au revoir mon Frère, je t'aime, nous t'aimons tous ici et nous penserons toujours à toi.