Noël 2009… J'ai mal à mon arbre.. 

En 1985, Nonna, fatiguée d'organiser Noël à Beauchamp, dans le cocon familial, nous a demandé, maintenant que nous étions "grands" et que nous avions chacun notre "chez nous", de prendre cette organisation en charge.  

Ce que nous avons fait bien volontiers en démarrant en 1987 par un beau Noël rueillois au milieu des plâtres encore frais de la maison. Personne à l'époque ne se demandait 3 mois avant où et comment il allait dormir, l'étage n'était qu'une grande dalle de béton et nous étions simplement heureux d'être ensemble, en famille avec nos enfants.

Cela a été le début du premier cycle des "Noël Pollak"

Pendant 12 ans, tous les 2ans, chacun à notre tour nous avons organisé cette belle fête familiale. Que de beaux Noël à Dunkerque, à Mersello avec ce gigantesque arbre de noël sous lequel St Nicolas et Schwarze Pit sont venus, à Servon dans cette grande tente bien chaude installée dans le jardin, à Houdreville et au Carmel de Matagne.  

Nous sommes ainsi arrivés en 1999, année funeste qui vit s'éteindre Bon Papa en avril et Nonna en décembre. Noël était prévu à Rueil cette année là et nous nous interrogions sur l'opportunité de maintenir cette fête. Mais respectant les dernières volontés de Nonna, nous nous sommes tous retrouvés pour Noël et avons recommencé un nouveau cycle.

 

La mort des Parents, pour triste et prématurée qu'elle fut, ne toucha pas la cohésion familiale. Peut-être même la renforça t'elle ? L'arbre familial continuait à pousser et à prospérer.  

Ce Noël 99 marqua le début du second cycle des "Noël Pollak", sans nos parents et grands Parents cette fois. Une nouvelle génération, la nôtre était aux commandes et nous nous entendions bien. L'harmonie régnait dans la fratrie et nous nous soutenions dans les épreuves de la vie.

 

Quand vint le tour de Jean Claude en 2005, il demanda un report et Noël eu lieu cette année là à Houdreville chez Sabine. En quittant Houdreville, la femme de Jean-Claude me dit qu'elle allait divorcer et que le prochain Noël ne serait donc sûrement pas chez eux.

Elle ne divorça pas et Jean Claude demanda un nouveau report en 2007 qui nous valu un Noël ardennais où il ne voulu pas venir avec sa famille, ne voulant pas aller chez les autres alors qu'il n'était pas capable de nous recevoir.

Ce sentiment l'honorait mais ce fut très dommage car cela a été son dernier Noël: Il est décédé brutalement et tragiquement le 30 janvier 2008.  

Ce second cycle de Noël familiaux démarré à la mort de Nonna et Bon Papa n'aura donc duré que 10 ans et se termine par la mort de Jean Claude.

 

Un nouveau cycle aurait du démarrer en 2009: Cham et moi préparions cette fête depuis l'été en ramenant de nos vacances plein de bons produits du terroir pour régaler la famille mais cela ne se fera plus. Une dispute, impliquant la veuve de Jean Claude, a mis fin à cette longue série de Noël "POLLAK".  

Autant nous avions su refermer la tombe de nos parents, leur mort était naturelle, dans l'ordre des choses, autant nous n'avons pas su refermer la tombe de Jean-Claude, dont le décès brutal reste à bien des égards étrange.

 

"Étrange", un mot qui recouvre deux réalités d'ordre bien différent, mais susceptibles de se rejoindre :

 

L'une factuelle:

1/ Jean-Claude a été trouvé mort dans son lit à 5 heures de l'après midi par sa fille qui rentrait de l'école sans que personne ne se soit soucié de lui auparavant.

2/ Jean-Claude est mort 8 jours avant de signer une hypothèque de 150.000€ sur sa maison, hypothèque que selon toute vraisemblance, il n'aurait jamais pu rembourser.

 

L'autre plonge dans les profondeurs de notre arbre généalogique et donne un funeste éclairage à la mort de Jean-Claude ce jour là:

Jean-Claude est mort le 30 janvier 2008, trente ans jour pour jour après Daddy, notre grand père, décédé le 30 janvier 1978. Tous deux ont voulu être enterrés dans le caveau acheté par notre arrière grand-père Max Pollak au cimetière Juif de Montparnasse alors qu'ils n'ont jamais pratiqué cette religion et que la tradition familiale est catholique, à preuve cette grande fête de Noël qui nous réunissait tous.


Frappé par cette coïncidence de date, ce syndrome d'anniversaire selon le terme consacré en psycho généalogie, j'avais consulté un psy féru de cette discipline qui m'avait conseillé de rechercher dans les générations antérieures ce qui avait bien pu se passer un 30 janvier et plus précisément un ancêtre mort de mort violente, à la guerre ou autre, m'avait il dit.

J'ai cherché dans l'arbre et j'ai trouvé que le 30 janvier 1915, notre arrière grand père Max accompagné de ses 4 fils a renié la religion juive pour se faire baptiser catholique. Voilà qui éclaire d'un jour nouveau cette obstination de l'un et de l'autre à vouloir retourner en terre juive, dans ce caveau marqué "Famille Max Pollak".

 

A priori, rien de violent, du moins au sens où l'entendait mon psy. 

Aujourd'hui, vu la soudaineté et la brutalité avec lesquelles la famille a éclaté à propos de cette fête de Noël, vu les cassures profondes induites dans l'arbre familial justement par un différend venu de la branche de Jean-Claude au sujet de Noël, je me demande si la violence ne doit pas être recherchée dans le présent plutôt que dans le passé.

 

L'annulation des Noëls familiaux a trouvé son origine à Servon, chez Jean-Claude, ce n'est pas neutre:  

Noël est une grande fête catholique, la célébration de la naissance de J.C., mort sur la croix en fondant une nouvelle religion d'Amour qui transcende le Judaïsme et à laquelle beaucoup se sont convertis.

Noël est aussi une grande fête païenne autour du sapin de Noël, cet arbre familial qui nous rassemblait tous.

 

S'être ainsi fâchés à propos de la fête de Noël ne peut donc pas être compris comme un simple hasard. Quelque part cela s'inscrit dans l'histoire de la famille, dans notre inconscient familial, dans notre arbre. Mais pourquoi notre conscient et notre inconscient familial sont-ils ainsi en crise? Qu'est ce que cela signifie ?

 

Jean-Claude, je penserai beaucoup à toi à Noël.

Du fond de ton caveau, que veux tu nous dire à travers tout ceci ?

Que devons nous faire pour que tu reposes en paix ? Pour que la famille soit en Paix ?

 

Max-Henry

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